Burundi : deuxième journée de heurts à Bujumbura
Des heurts opposent manifestants et forces de l’ordre, à Bujumbura, pour la deuxième journée consécutive depuis l’annonce, samedi, de la candidature de Pierre Nkurunziza à un troisième mandat présidentiel. Au moins deux manifestants ont été tués hier. Pierre Claver Mbonimpa, figure des droits de l’homme dans le pays, a été arrêté.
• Heurts à Bujumbura. Au lendemain d’une journée d’affrontements violents à Bujumbura, qui ont fait au moins deux morts, dimanche, les opposants à la candidature de Pierre Nkurunziza à un troisième mandat sont de nouveau descendus dans la rue, malgré l’interdiction de manifester décrété par le pouvoir.
• L’armée déployée dans la capitale. L’armée est déployée dans les quartiers de Bujumbura depuis la nuit de dimanche à lundi, mais ne participe pas aux actions anti-émeutes.
• Arrestations. Pierre Claver Mbonimpa, militant de la société civil opposé, qui avait appelé à manifester, a été arrêté ce lundi matin. Dimanche, 200 personnes ont été arrêtées selon le maire de Bujumbura.
• Réfugiés au Rwanda. Le climat de tensions de ces dernières semaines a provoqué unafflux de réfugiés burundais dans le Rwanda voisin. Ils sont 17 000 à y avoir trouvé refuge.
■ Les manifestations continuent, l’armée déployée
Si les manifestants, des jeunes pour la plupart, affrontent la police pour l’empêcher d’entrer dans les ruelles des quartiers, les militaires déployés dans la capitale burundaise y circulent librement. L’armée, qui s’interpose lorsque des camions anti-émeutes tentent d’entrer dans les quartiers, a même été acclamée par la population. Les manifestants, des jeunes hommes pour la plupart, disent que « la police est du côté du pouvoir, l’armée est du côté du peuple ». L’armée, elle, dit que sa mission est différente de celle de la police.
« L’armée a été déployée dans plusieurs points de Bujumbura depuis la nuit dernière pour maintenir l’ordre public », a ainsi expliqué le général Gaspard Baratuza à l’Agence France-presse, précisant que l’armée ne serait pas engagée dans des actions anti-émeutes mais qu’elle était sur le terrain pour « protéger la population ». Sur le terrain, les soldats n’empêchent pas les manifestants de monter des barricades, pas plus qu’ils ne réagissent aux slogans anti-Nkurunziza.
Pierre Claver Mbonimpa a été arrêté ce lundi matin à la Maison de la presse. Cette figure des droits de l’homme, président de l’Association burundaise de protection des droits humains et des personnes détenues (Aprodh), était venu se renseigner sur l’incursion de la police dans les locaux de cette institution commune à tous les médias privées. « La Maison de la presse a été fermée. Et Pierre Claver a été brutalement arrêté par des policiers », ont confié à RFI plusieurs témoin, qui ont requis l’anonymat.
Pierre Claver Mbonimpa était à la maison de la presse pour participer à une émission en direct avec plusieurs médias privés. La Maison de la presse dispose d’un studio pour faire des émissions communes. L’un de ses avocats dit se renseigner pour savoir où il est détenu, et sur quel motif. A la mi-journée, les avocats de Pierre Claver Mbonimpa étaient à la Documentation des services de renseignements burundais pour tenter d’obtenir l’information.
Pierre Claver Mbonimpa, membre de la coalition « Halte à un troisième mandat », avait appelé à manifester ce lundi. Il est déjà sous le coup d’une procédure judiciaire pour « atteinte à la sûreté de l’Etat », dans le cadre de laquelle il a été placé en détention provisoirele 16 mai 2014 avant d’être relâché en septembre dernier, pour avoir affirmé l’an dernier que des Imbonerakure, la ligue des jeunes du CNDD-FDD, le parti au pouvoir, avaient reçu une formation militaire en RDC.