Ce qui se cache dans la cigarette électronique
Une enquête de l’émission J.E. diffusée ce soir à l’antenne de TVA lève le voile sur des méthodes de fabrication douteuses dans l’industrie de la cigarette électronique. L’analyse d’une dizaine de bouteilles de liquides, qu’inhalent les vapoteurs, révèle des anomalies potentiellement dangereuses pour la santé.
D’emblée, les doses de nicotine affichées sur plusieurs bouteilles se sont révélées inexactes. Par exemple, une fiole achetée à la boutique Pour vue et pour vape, à Montréal, contenait 30 % plus de nicotine qu’annoncée.
«Ce produit pourrait donc augmenter la dépendance à la nicotine d’un vapoteur au lieu de la réduire, met en garde Claude Marengo, directeur scientifique du Groupe Environex. Au moment de mélanger les ingrédients, le fabricant a probablement commis une erreur.»
Autre constat inquiétant: les liquides analysés contiennent, pour la plupart, des substances potentiellement cancérigènes et des métaux lourds. Neuf bouteilles sur 10 sont chargées de toluène, un solvant contenu dans le vernis à ongles. Les analyses révèlent aussi la présence d’éthylbenzène dans certaines fioles, un autre solvant trouvé dans les peintures.
Des traces infimes d’aluminium et de cuivre ont aussi été détectées dans certains produits.
Aucun règlement
À ce jour, la production des liquides de cigarette électronique, inhalés par les consommateurs, demeure exempte de toute réglementation au Canada. Munie d’une caméra cachée, J.E. a visité les installations d’une dizaine de fabricants.
L’un d’entre eux opère dans un garage désaffecté, situé dans un quartier industriel de l’est de Montréal. Sur des tables de fortune, des employés préparent les liquides qui seront embouteillés et vendus dans plusieurs boutiques.
«NousAVONS observé un lien direct entre les conditions de fabrication et la qualité des liquides analysés», remarque Marc Hamilton, président du Groupe Environex.
Si des laboratoires opèrent dans des lieux insalubres, d’autres ont pris les devants en investissant dans leurs installations de production, certaines dignes d’une société pharmaceutique.
«Nos laboratoires ont été conçus par des ingénieurs spécialisés. La qualité des produits est notre priorité», explique Daniel Marien, propriétaire de la chaîne Vape Shop. Ses produits sont d’ailleurs ceux qui présentent le moins d’impuretés parmi ceux analysés.
«Nos normes d’hygiène élevées ont un impact sur la qualité et la sécurité des produits. Mais actuellement, il est impossible de savoir ce qu’il se passe dans chaque boutique», admet M. Marien.
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