La professeure Salwa Karboune (à droite) de l’Université McGill et ses étudiantes, Sooyoun Seo et Andrea Hil, ont mis au point un procédé chimique pour enrichir le sirop d’érable en prébiotiques à l’aide d’une enzyme naturelle.
Des scientifiques montréalais ont réussi à enrichir du sirop d’érable pour en faire un super-aliment capable de doper notre système immunitaire.
«Personne n’avait jusqu’à présent enrichi du sirop d’érable, nous l’avons fait», se réjouit la Dre Salwa Karboune, professeure à l’Université McGill.
Aidée de son équipe d’étudiants, la chercheuse a réussi à introduire des prébiotiques dans le plus célèbre des aliments du Québec en utilisant une enzyme naturelle cultivée en laboratoire à l’aide de microbes.
Les prébiotiques favorisent le développement et le maintien des probiotiques dans notre système digestif. Ce faisant,ils contribuent au maintien et au développement de notre flore intestinale et dopent notre système immunitaire.
Les prébiotiques sont déjà présents naturellement ou intégrés chimiquement dans plusieurs aliments disponibles sur le marché. Toutefois, avant l’équipe de McGill, jamais des scientifiques n’avaient pu contrôler où ils sont livrés dans le système digestif, ce qui fait une grande différence dans leur efficacité, indique la Dre Karboune.
Flore intestinale
«La plupart des maladies se développent au bout du côlon. On veut donc que nos prébiotiques soient sélectifs et arrivent jusque-là», explique-t-elle.
Pour s’assurer d’atteindre sa cible, la chercheuse a choisi le plus efficace des prébiotiques: l’inuline. Incapable de digérer cette fibre alimentaire, notre organisme la livre intacte tout au bout de notre côlon.
Appliqué à grande échelle, le procédé inventé à McGill, avec le soutien financier du ministère de l’Agriculture, pourrait faire du sirop d’érable un produit à haute valeur ajoutée.
Le plus québécois des aliments naturels pourrait ainsi percer le marché pharmaceutique sous forme de gélules ou de suppléments, indique Luc Lagacé, chef de l’équipe de recherche du Centre de recherche, de développement et de transfert technologique acéricole (ACER), qui a participé aux recherches.
Le sirop guérisseur a cependant encore bien du chemin à parcourir avant d’être accessible au consommateur, prévient M. Lagacé.
Vers la distribution
Bien qu’au point, le procédé doit encore être testé in vivo, c’est-à-dire sur des modèles animaux, pour vérifier si les résultats obtenus en laboratoire se reproduisent dans un véritable estomac.
Les chercheurs devront ensuite trouver un moyen simple d’intégrer le procédé d’enrichissement à la production du sirop qui demeure artisanale.
«Les techniques de production actuelles ne sont pas adaptées, explique M. Lagacé. Pour le moment, on se concentre surtout sur la couleur et la saveur du produit.»
En attendant l’enrichissement, le sirop d’érable peut déjà compter naturellement sur une cinquantaine de composés bénéfiques pour la santé, comme les polyphénols, les vitamines et les oligoéléments, qui en font un aliment anticancer.