Espionnage: Angela Merkel accusée d’avoir joué double jeu

Après les révélations de la presse sur des informations relevant de l’espionnage industriel et politique fournies par les services secrets allemands aux Etats-Unis, l’affaire prend désormais une dimension politique, car la chancellerie aurait été au courant sans avoir réagi.

Avec notre correspondant à Berlin, Pascal Thibaut

« Hypocrite ». Le quotidien Münchner Merkur n’est pas tendre avec Angela Merkel ce mardi matin 28 avril. Il rappelle que la chancelière avait condamné à l’automne 2013 les activités de l’agence américaine NSA en Allemagne, et notamment la mise sur écoute de son propre portable. Mais les nouvelles révélations montrent que la chancellerie était au courant depuis 2008 des pratiques américaines utilisant les services secrets allemands pour se livrer à de l’espionnage industriel et politique en Europe. Des pratiques qui n’avaient pas grand-chose à voir avec la lutte contre le terrorisme lorsqu’Allemands et Américains ont renforcé leur coopération en 2002.

L’affaire prend désormais un tour politique. Si ces informations se confirment, il devient difficile pour la chancellerie, responsable en Allemagne du contrôle des services secrets, d’affirmer que ces derniers n’ont pas fonctionné correctement en ne transmettant pas des informations aussi sensibles. Et si la chancellerie était au courant et n’a pas protesté auprès de Washington, la responsabilité politique de son personnel est en cause. Non seulement l’opposition, mais aussi les sociaux-démocrates alliés d’Angela Merkel critiquent cette dernière ouvertement.

L’intéressée promet que la lumière sera faite sur cette nouvelle affaire, ce qui peut durer comme souligne un quotidien estimant que la popularité téflon de la chancelière ne sera pas mise à mal.

A l’initiative du groupe des Verts au Parlement européen, celui-ci va débattre ce mardi 28 avril en session plénière de « révélations récentes sur l’espionnage massif de citoyens, de responsables politiques et d’entreprises de l’Union européenne ».
A mon avis, il est nécessaire d’alerter le public en Europe sur ce scandale qui n’était pas très connu avant../..Le problème aujourd’hui, c’est que la chancelière qui est responsable du contrôle des services secrets ne dise rien.C’est pour ça que la pression des collègues des autres pays va aider à mettre la pression sur la chancelière et ses services pour expliquer au public européen la base de ces suspicions, et ce qui s’est passé en vérité.
Sven Giegold, eurodéputé allemand Vert
RFI