Des affrontements entre forces de police et manifestants ont eu lieu à Baltimore, dans l’est des Etats-Unis, après l’enterrement ce lundi de Freddie Gray. Le jeune Noir de 25 ans était décédé le 19 avril des suites d’une fracture des vertèbres cervicales, une semaine après son interpellation. Quinze policiers ont été blessés, 27 personnes arrêtées, selon le porte-parole de la police de la ville. Le gouverneur du Maryland a déclaré l’état d’urgence.
Des groupes mobiles et violents, des magasins pillés, des voitures de police incendiées, des officiers blessés, et des arrestations… la ville de Baltimore est la proie de violences. C’est un quartier qui s’est embrasé, un quartier défavorisé, où de nombreuses maisons sont murées : c’est le quartier dans lequel se sont déroulées les obsèques de Freddie Gray.
Le gouverneur du Maryland a déclaré lundi soir l’état d’urgence. Un couvre-feu renouvelable une semaine va être instauré mardi à 22h (heure locale) dans la ville. Et la garde nationale sera déployée « dès qu’elle sera prête », a annoncé la maire de la ville. Par ailleurs, plusieurs milliers de policiers sont mobilisés. Le gouverneur a demandé que 5 000 policiers supplémentaires soient mis à sa disposition par la région.
Les heurts ont éclaté après l’enterrement familial au cimetière. La famille avait appelé à une trêve dans les manifestations, pour cette journée qui devait être consacrée au recueillement. Mais de très nombreux jeunes ont assisté à la cérémonie, et à la sortie de la messe, ils distribuaient des tracts pour que la mobilisation ne cesse pas. Ils distribuaient aussi une grande photo montrant les portraits d’une centaine de jeunes hommes noirs tués par la police cette année.
On sentait une tension latente. Et lorsque le cercueil de Freddie Gray a été transporté dans le corbillard, on a entendu des cris de douleurs certes, mais aussi des cris de colère. Des groupes se sont attaqués aux voitures de police, plusieurs véhicules ont été complètement détruits, et la police annonce que des officiers ont été blessés. Les policiers anti-émeutes sont présents, ils bloquent les rues et tentent de contenir l’émeute. Des arrestations ont eu lieu.
Le chef de la police, qui s’est exprimé voilà quelques heures, attribue les violences à des groupes de pilleurs incontrôlés, à des agitateurs. Mais en discutant avec les jeunes qui assistaient aux obsèques, on sentait bien une colère latente. Il est vrai que cette ville de 600 000 habitants de la côte Est des Etats-Unis, est l’une des plus violentes du pays. Une violence de gangs, mais aussi une violence policière. Les statistiques d’un organisme indépendant estiment que Baltimore est l’agglomération dans laquelle les forces de l’ordre ont tué le plus ces 10 dernières années : 127 personnes sont décédées lors d’une interpellation.
Situation toujours précaire
Dans la soirée, le calme n’était toujours pas revenu. La maire Stéphanie Rawling Blake a tenu une conférence de presse. « Nous déployons toutes les ressources possibles pour tenter de maîtriser la situation et rétablir la paix afin de pouvoir avancer », a-t-elle assuré.
Les quartiers ouest, les plus défavorisés, ont été pillés, de nombreux commerces ont été détruits, des voitures incendiées. Jack Young, le président du conseil municipal n’a pas vu un tel déferlement de violence depuis 1968 : « Cela me rappelle 1968, quand nous avons eu des émeutes après l’assassinat de Martin Luther King. Les gens ont détruit leurs propres biens, leur propre communauté. Cela est inacceptable. Ce n’est pas ce que la famille de Freddie Gray souhaite », a-t-il rappelé.