L’Etat leur avait laissé une semaine pour quitter la jungle de Calais, dans le nord de la France. Le délai expire ce mardi. Les migrants qui vivent dans la partie sud du bidonville n’ont plus que quelques heures pour quitter la zone avant l’évacuation. A moins que le tribunal administratif de Lille en décide autrement.
Le juge des référés, qui doit prendre sa décision ce mardi, va se rendre lui-même ce matin dans la jungle. C’est rarissime et cela montre bien à quel point ce dossier peut être sensible.
Car depuis dix jours et l’annonce de l’Etat de démanteler la partie sud de la jungle, de plus en plus de voix s’élèvent contre la décision des autorités françaises.
A commencer par celles des associations qui viennent en aide aux migrants et qui sont à l’origine du référé. Elles estiment qu’en demandant aux exilés de quitter la jungle pour des centres d’hébergement d’urgence, l’Etat ne fait que déplacer le problème. Et surtout, que les chiffres avancés sont faux : la préfecture assure que l’évacuation concerne un millier de personnes, mais selon les associations, plus de 3 400 personnes vivraient en fait dans cette partie de la jungle.
Personnalités et associations signent une pétition
Ces critiques ont aussi été émises par une liste de 250 intellectuels, politiques et organisations, qui réclament l’annulation de cette évacuation. Pour Eric Fassin, sociologue et signataire de la pétition, cette « solution » n’en est pas une. « On a une situation qui se répète depuis des années, rappelle-t-il, faisant référence au centre de Sangatte. Mais aussi l’année dernière encore, c’est l’Etat qui a réuni tous les bidonvilles en un seul derrière des barbelés. Et on savait déjà que ça ne marcherait pas, souligne-t-il. En fait, l’Etat crée des conditions impossibles en enfermant les gens derrière des barbelés sans leur donner les moyens de survivre, et ensuite constate que ça ne marche pas et donc expulse, chasse, détruit. Y compris ce que les gens ont réussi à construire, comme par exemple des espèces de petites écoles, des petits lieux collectifs qui permettent d’avoir une petite vie. En fait, l’Etat fait semblant de gérer un problème en faisant miroiter par exemple la possibilité d’accueillir dans des logements, mais en réalité ce n’est qu’une manière de repousser le problème, de le déplacer en chassant les gens et donc en donnant le sentiment qu’on fait quelque chose. »
De leur côté, le gouvernement et les autorités locales multiplient déclarations et initiatives pour convaincre du bien-fondé de l’opération. Ce lundi le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a promis d’agir « par la persuasion » pour inviter les migrants à quitter la jungle.
Cette journée s’annonce donc décisive. Et si le juge des référés valide le démantèlement ordonné par la préfecture, les migrants auront jusqu’à ce mardi soir 20 heures pour quitter la jungle de Calais.
Avec RFI