Kenya : pendant l’attaque de Garissa, l’avion du commando d’intervention transportait la famille d’un chef de la police
Sept heures. C’est le temps qu’il aura fallu à la police pour arriver sur les lieux de l’attaque de Garissa. La polémique est d’autant plus forte au Kenya que le chef de la brigade aérienne a reconnu mardi que l’avion prévu pour le transport du commando était alors occupé à ramener ses proches de vacances sur la côte est.
Alors que les critiques sont déjà virulentes envers les autorités kényanes, qui ont mis au minimum sept heures à dépêcher des forces d’intervention sur les lieux de la prise d’otages de l’université de Garissa le 2 avril (148 morts), les révélations du mardi 14 avril risquent de ne pas faire retomber la pression qui pèse actuellement sur le président Kenyatta.
Le chef de la brigade aérienne de la police, Rogers Mbithi, a en effet reconnu qu’un des avions, habituellement utilisé pour transporter les hommes du commando de la police, était, à l’heure de l’attaque, inutilisable. Et pour cause : il ramenait sa belle-fille de ses vacances sur la côte est du pays. L’appareil, un Cessna 208B, rentrait selon lui d’une mission d’entrainement dans l’est et en avait profité, à son retour vers Mombasa, pour accueillir quelques proches.
Sur une photographie non datée publiée sur Instagram par la jeune fille, Ndanu Munene Mbithi (le compte a été verrouillé et renommé depuis), on distingue deux jeunes filles souriantes posant aux côtés de l’avion. Le Cessna ne rentrera à Nairobi qu’à 11h30, le 2 avril, quatre heures après le début de la prise d’otages. Il ne redécollera qu’une heure plus tard, à 12h30, avec, à son bord, le commando attendu, qui atterrira à 13h56 à Garissa, selon les rapports de police. Le raid contre les assaillants shebab n’aura lieu quant à lui que trois heures plus tard, à 17h. L’alerte avait pourtant été donnée à l’unité d’élite de la Recce Company de Nairobi, une brigade paramilitaire spéciale, dès les premières informations connues, le matin même, vers 5h30.
Heures meurtrières
Mais pour Rogers Mbithi, le retard pris par le commando n’est pas imputable au fait que l’avion en question ait ramené des passagers civils de sa mission sur la côte Est, il ne serait imputable qu’à la lenteur de la prise de décision dans l’envoi de l’unité d’élite.
Ces révélations de la presse kényane, reprise par le quotidien britannique The Guardian, n’arrangent pas les affaires de l’administration d’Uhuru Kenyatta. Et le Cessna est devenu le symbole des promesses non-tenues, prises après l’attaque du centre commercial Westgate par les mêmes Shebab, de tirer les leçons des dysfonctionnements au sein des forces de sécurité.
Le symbole, surtout, des conséquences dramatiques du retard dans l’intervention du commando. Les récits des rescapés, ainsi que les messages laissés par les victimes durant l’attaque de l’université, prouvent que de nombreux étudiants sont restés cachés de leurs assaillants pendant d’interminables heures. Avant d’être découverts et tués par les terroristes.
Jeune Afrique