L’étudiante blessée à Québec humiliée sur Facebook
L’étudiante blessée à Québec humiliée sur Facebook
L’étudiante blessée à Québec ne veut pas y penser
L’étudiante atteinte à bout portant par la cartouche de gaz d’un policier à Québec a été la cible hier d’une page Facebook se moquant de son visage blessé.
«Ce n’est même pas de l’intimidation, c’est de l’incitation à la haine», lance le psychologue et spécialiste en gestion de conflits Martin Courcy.
Près de 5000 personnes étaient abonnées dimanche après-midi à la page Facebook «Naomie Nutella», en référence à la tache brune sous la bouche blessée de l’étudiante.
La plupart des images qui y sont diffusées se moquent des lèvres de la manifestante de 18 ans, boursouflées par les blessures. L’une des photos compare son visage à un célèbre chat grincheux du web. Une autre est accompagnée du commentaire «l’élèvre de l’année.»
Danger
L’auteur de cette page, contacté par Le Journal, n’a pas voulu révéler son identité. Il prétend vouloir dénoncer l’humour à deux vitesses.
«Pourquoi on peut rire de Gaétan Barrette en le traitant de gros, dire qu’une bonne police, c’est au cimetière, mais on ne peut pas rire du mouvement étudiant? Pourquoi deux poids, deux mesures?» s’est-il exclamé.
De nombreux internautes choqués ont dénoncé cette «cyberintimidation» et ont demandé la suppression de la page Facebook. «Vraiment désolant», s’est indignée Karyan Fortin-Therrien sur Twitter. «Page dégueulasse contre Naomie», a renchéri Evens Duperron.
La page a finalement été supprimée vers 16 h 30. Mais le même après-midi, une autre a été créée avec l’image de la jeune étudiante comme photo de profil. Son nom: «Pour que plus d’étudiants se fassent shooter dans face.»
Un tel titre fait bondir Martin Courcy. «Ce sont des menaces de mort. Cette jeune fille est en danger», s’inquiète-t-il.
La police de Québec n’a pas été prévenue, selon le lieutenant Pierre Colin. «Mais si on est avisé d’un crime, même sur Facebook, on va enquêter, c’est clair», indique-t-il.
Pas décidée
De son côté, Naomie Tremblay-Trudeau dit «essayer de [se] détacher de tout ça et [ne pas avoir] d’énergie à mettre là-dedans».
Elle a participé à une nouvelle manifestation dimanche après-midi à Québec contre l’austérité et la brutalité policière. Sa lèvre a désenflé. Elle n’a toutefois pas décidé de ses futures démarches judiciaires. «J’attends de voir mon avocat et je veux en parler avec ma mère.»
Interrogée quant à savoir si elle en voulait au policier, l’étudiante a pris une longue pause avant de répondre que oui. «J’essaie de ne pas trop y penser, ça me fait juste de la peine pour rien».
Journal de Montréal