Migrants à Calais: «La route est dangereuse, mais je veux essayer»
A Calais, dans le nord de la France, plusieurs centaines de migrants tentent chaque nuit de s’introduire sur le site du tunnel sous la Manche dans l’espoir de se rendre en Grande-Bretagne. Neuf personnes sont mortes dans différents accidents en moins de deux mois. Le dernier, un jeune Soudanais, a été percuté par un camion dans la nuit de mardi à mercredi.
Avec notre envoyée spéciale à Calais, Alice Pozycki
Ils ont été au moins une centaine à tenter d’entrer dans le site du tunnel sous la Manche cette nuit. Et pour y accéder, ils n’ont pas hésité à prendre beaucoup de risques : traverser à pied quatre tronçons d’autoroute, courir le long des nationales pour échapper aux policiers, enjamber les voies ferrées, frôler les trains, pour finalement arriver en pleine nuit près du site du tunnel sous la Manche.
Ce qui frappe chez ces hommes, ces femmes et parfois ces enfants, c’est leur détermination. Certains ont peur, ils le disent, mais il n’y a aucune hésitation dans leur regard, dans leur discours. Pour eux, l’Angleterre, c’est l’espoir d’une vie meilleure. « J’essaie d’aller en Angleterre. Là-bas, c’est bien. Les enfants reçoivent une bonne éducation. Je sais que la route est dangereuse, mais je veux essayer », glissait ainsi Awal, âgé de seulement douze ans, qui tente depuis trois semaines de rejoindre le tunnel sous la Manche. « Ce n’est pas bien pour nous, on risque notre vie, mais on essaie », rapporte en écho Kemji, un Erythréen.
Des renforts attendus par la police calaisienne
Mercredi, Bernard Cazeneuve a annoncé l’envoi de renforts policiers à Calais. 120 policiers supplémentaires, déployés pour sécuriser la frontière, « et notamment [le] site d’Eurotunnel ». Des renforts qui sont accueillis avec beaucoup de soulagement par les policiers que RFI a pu rencontrer.
Le site Eurotunnel est en effet particulièrement vaste. Il couvre plus de 600 hectares, compte 28 kilomètres de clôtures et, jusqu’à maintenant, 60 fonctionnaires de police étaient chargés de le sécuriser. Des moyens jugés « insuffisants » par Eurotunnel, qui dit avoir dépensé 13 millions d’euros en six mois pour protéger les abords du terminal, notamment dans le financement d’un gardiennage privé.
Le PDG du groupe estime à 37 000 le nombre de migrants interceptés par ces moyens privés. Et de l’avis du ministère de l’Intérieur comme d’Eurotunnel, il faut encore renforcer la sécurité du site. Une réunion doit d’ailleurs se tenir place Beauvau pour identifier les aménagements qui sont les plus urgents à mettre en place.
Interrogé par nos confrères de France Info, Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, a salué la décision du ministre de l’Intérieur, mais a aussi insisté sur le fait qu’il juge nécessaire de « renforcer les forces de police, de tous les côtés, aussi bien côté français,côté britannique et côté Eurotunnel ». Pour Laurent Fabius, la solution doit aussi venir de l’Union européenne, qui a « décidé de s’organiser », lors du sommet extraordinaire en avril dernier, mais qui peine à mettre en actes les promesses tenues alors. Il faut que l’Union européenne « s’organise vraiment », a souligné Laurent Fabius.
RFI