Migrants disparus en mer: la terrible odyssée des enfants perdus

Migrants disparus en mer: la terrible odyssée des enfants perdus

Ces deux jeunes garçons, candidats à l’émigration ont été photographiés en mars 2015 dans un centre de détention pour migrants à Garabulli, en Libye. L’Italie est au premier plan pour l’accueil des migrants qui tentent la traversée de la Méditerranée.REUTERS/Goran Tomasevic

Le mystère reste entier concernant le sort de 400 migrants disparus en Méditérranée le week-end dernier. Les premiers éléments sur ce naufrage ont été fournis par les rescapés sauvés en mer par les garde-côtes italiens. L’ONG Save the Children a recueilli quelques-uns de ces récits qui semblent confirmer le drame, c’est à dire le naufrage d’une embarcation qui transportait 500 personnes dont des mineurs.

Le drame pour ces migrants, notamment les plus jeunes, commence bien avant qu’ils n’embarquent pour traverser la Méditerranée, le voyage par bateau n’étant qu’une épreuve supplémentaire qui « survient après beaucoup d’autres expériences terribles déjà vécues durant le trajet entre leur pays d’origine et la Libye, explique à RFI Michele Prosperi, porte-parole de l’ONG Save the children, très impliquée dans l’accueil de ces derniers naufragés. D’après les récits que nous recueillons, ils font ce parcours entre les mains de trafiquants qui sont sous l’effet de la drogue ». Les trafiquant sont violents et « frappent de toutes sortes de manières les personnes qu’ils sont chargées de transporter à travers le désert. Les violences auxquelles ces migrants ont été soumis et les violences auxquelles ils ont assisté sont terribles… On a entendu des cas où des migrants brûlent vifs durant le transport, et cela devant les yeux des autres migrants ».

Des enfants parmi les survivants

L’acheminement jusqu’aux côtes européennes est une expérience traumatisante et il faut du temps aux migrants, notamment aux enfants pour récupérer. Save the Children a déjà recueilli des récits de quelques uns des rescapés de ce dernier drame qui semblent confirmer le naufrage d’une embarcation qui transportait 500 personnes dont des mineurs. « Nous n’avons pas pour le moment tous les détails, seulement les premiers témoignages, spontanés des migrants, poursuit Michele Prosperi. Comme ils sortent d’une expérience choquante…les détails et les informations précises arrivent un peu plus tard, lorsque les migrants se seront remis du choc, qu’ils seront plus tranquilles après leur transfert dans les structures d’accueil ». C’est particulièrement vrai pour les mineurs qui sont particulièrement vulnérables et affectés par l’expérience qu’ils ont vécue.

Parmi les 150 survivants interrogés après leur sauvetage, figurent cinq mineurs, originaires de Gambie. Des mineurs qui voyageaient seuls. D’après leurs premiers témoignages, d’autres enfants isolés étaient avec eux dans l’embarcation qui a coulé.

Enfants isolés: un phénomène en augmentation

Ce phénomène croissant des mineurs non accompagnés inquiéte les ONG. « Depuis janvier, plus de mille mineurs isolés sont arrivés en Italie, témoigne Michele Prosperi. Ce sont les plus vulnérables: ils doivent être protégés. Ils viennent surtout d’Afrique subsaharienne, d’Afrique de l’Ouest, d’Erythrée, de Somalie, du Mali, du Sénégal, de Côte d’Ivoire et de Gambie… Et ils sont en état de choc ».

Les mineurs non accompagnés doivent être pris en charge par les autorités et nécessitent un accompagnement spécifique mais les moyens font souvent défaut. « Nous avons appelé le gouvernement italien à mettre en place un réel système d’accueil, en particulier pour les enfants et les mineurs isolés. Ce n’est pas le cas actuellement ». La plupart des structures sont insuffisantes, en terme de service, de conditions d’accueil et surchargées. A Lampedusa, des centaines de personnes sont bloquées dans des centres dans l’attente d’être transférées sur le continent explique Michele Prosperi.

Voilà pourquoi l’Union européenne doit prendre ses responsabilités face à ce défi européen dit encore Michele Prosperi en aidant à améliorer les capacités de sauvetage et d’accueil des migrants, qui - pour beaucoup - peuvent prétendre au statut de réfugié.