Otages: quand la France utilisait Bana pour obtenir des libérations
Otages: quand la France utilisait Bana pour obtenir des libérations
L’armée française a annoncé, mercredi 20 mai, la neutralisation deux jours auparavant de deux chefs jihadistes dans le nord du Mali. Le plus connu est Abdelkrim al-Targui, chef d’une katiba d’Aqmi. Moins connu, Ibrahim Ag Inawalen, alias « Bana », est présenté comme l’un des proches d’Iyad Ag Ghali, chef jihadiste du groupe malien Ansar Dine. Sur le terrain, l’homme était bien connu de l’armée et des services français. Il s’agissait d’un rouage essentiel pour négocier la libération d’otages étrangers, et notamment français.
Ibrahim Ag Inawalen, dit « Bana ». Dans la zone, c’était lui le plus fiable, le plus sérieux, l’un des rares à pouvoir approcher Abdelkrim al-Targui. Pour libérer les otages, « c’était difficile de faire sans lui », indique un spécialiste du dossier.
Début 2013, en pleine opération Serval, l’armée française a donc dû faire des concessions. Et laisser ce chef jihadiste se déplacer. « Les Français savaient très bien qui il était, indique l’une de nos sources. Ils avaient un dossier complet et connaissaient même la couleur de sa voiture. »
Alors qu’il vivait caché et qu’il a participé directement aux combats dans l’Adrar des Ifoghas, Bana a même pu retourner dans son village natal d’Abeïbara. Ensuite, Ibrahim Ag Inawalen a multiplié les allers-retours pour porter des messages à Abdelkrim al-Targui ou à d’autres chefs jihadistes.
Selon nos informations, Bana a été très actif durant les négociations des quatre otages d’Arlit et jusqu’à la libération de Serge Lazarevic, dernier otage français, en décembre dernier. Certains à Kidal lui auraient alors proposé de quitter les rangs jihadistes. Notre source conclut : « Il se savait menacé, ses liens avec Iyad et Targui étaient sans doute trop forts, il a refusé la proposition. »
RFI