Près de 7000 personnes secourues en Méditerranée en deux jours

Près de 7000 personnes secourues en Méditerranée en deux jours

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L’un des passagers d’un navire transportant des migrants pris en charge par la marine française dans le cadre de Triton, le 3 mai 2015, à son arrivée au port de Crotone, dans le sud de l’Italie.AFP PHOTO / ALFONSO DI VINCENZO

Près de 7000 personnes ont été secourues et dix personnes sont mortes en Méditerranée, ce week-end, alors qu’elles tentaient de rejoindre l’Europe. Un chiffre particulièrement élevé, alors que les autorités italiennes estiment que près de 200 000 personnes attendent sur les côtes libyennes d’embarquer à leur tour pour tenter le passage.

Avec notre correspondante à Rome, Anne Treca

Il y a deux semaines, les 12 et 13 avril, plus de 6600 personnes avaient été secourues en quarante-huit heures. Ce week-end, ce sont près de 7000 personnes, dont un nouveau-né, qui ont été secourues par des sauvetages qui se succèdent à un rythme incessant, jour et nuit, aussi bien au large de côtes italiennes que dans les eaux libyennes, au cours d’opérations souvent simultanées.

Toutes les forces italiennes sur place ont participé aux opérations ; les gardes-côtes, la marine militaire, la garde financière. Et, pour la première fois, un patrouilleur français a également prêté main forte, et ramené 219 migrants jusqu’en Sicile. Deux navires marchands ont également apporté leur aide, dont l’un a débarqué des migrants dans la nuit de dimanche à lundi en Sicile.

Plus de 6000 personnes ont été secourues au cours de ces opérations menées dans le cadre de l’opération Triton, dont les moyens ont été renforcés lors du sommet extraordinaire du 23 avril dernier, organisé en urgence, après la mort de plus de 800 personnes dans un nouveau naufrage au large des côtes italiennes. Les gardes-côtes ont aussi ramené dix corps sans vie : sept personnes ont été découvertes mortes dans des canots pneumatiques et trois autres sont mortes noyées en tentant de rejoindre à la nage un navire marchand qui venait à leur rencontre, au large de la Libye.

L’opération lancée par Médecins sans frontière et Migrant Offshore Aid Station a également annoncé avoir secouru 369 personnes, essentiellement des Erythréens, qui se trouvaient à bord d’un bateau en bois.

Une météo favorable

Le flux des migrants en Méditerranée continue de s’intensifier ces dernières semaines. Pour les Italiens, c’est tout sauf une surprise. Il y a d’abord les facteurs conjoncturels : chaque année, à partir du printemps, les migrants sont plus nombreux dans le canal de Sicile. D’avril à octobre, la météo est plus favorable.

Quand la mer est calme, les départs de augmentent. Le plus souvent sur des bateaux de dix ou douze mètres de long, des barques de pêcheurs en bois pourri ou de gros zodiac aux flancs dégonflés. A bord, des groupes plus ou moins nombreux, de 70 à 120 adultes, en moyenne. Des hommes, surtout, mais aussi, parfois, des femmes et des enfants. Au cours du week-end qui vient de s’écouler, les passagers de plus d’une trentaine de ces embarcations ont été pris en charge par les gardes-côtes.

Afflux de candidats en Libye

Des migrants à leur arrivée à Misrata, en Libye, où ils ont été ramenés par les gardes-côtes libyens qui ont intercepté leur navire en mer, le 3 mai 2015.REUTERS/Ismail Zitouny

Mais au-delà de la météo, il y a le nombre de volontaires au passage en Europe. Selon les autorités italiennes, 200 000 personnes sont actuellement prêtes à quitter la côte libyenne et des centaines de milliers d’autres seraient déjà en route, pour la plupart de Syrie et d’Afrique subsaharienne. Les trafiquants ont visiblement intensifié leurs activités, et il leur faut libérer les hangars où sont parqués les candidats au voyage pour faire de la place aux nouveaux arrivants.

La Libye, où les autorités sont également mobilisées pour lutter contre les passages de migrants vers l’Europe : dimanche soir, les gardes-côtes libyens ont intercepté cinq bateaux au large de Misrata, à l’est de la capitale Tripoli, à bord desquels se trouvaient 500 personnes. Ces migrants ont été interpelés et conduits dans un centre de détention libyen.

Sur l’autre rive de la Méditerranée, en Italie, c’est une épreuve sans précédent : avec l’augmentation des boat people, les centres d’accueil sont pleins. Du nord au sud de la péninsule, il n’y a plus de place. La situation est devenue critique.

RFI