L’opposant Moïse Katumbi ne pourra pas participer aux obsèques nationales de Papa Wemba à Kinshasa. Motifs : les autorités n’ont toujours pas accordé à son jet privé l’autorisation d’atterrir sur le territoire national et l’intéressé s’abstient de recourir à une compagnie aérienne. Explications.
« Faute de pouvoir venir s’incliner devant le cercueil de Papa Wemba à Kinshasa, Moïse Katumbi organise mercredi 4 mai à Lubumbashi (dans le sud du RD Congo, ndlr), une messe d’action de grâce à la mémoire de l’icône de la rumba congolaise », confie un proche de l’ancien gouverneur de l’ex-Katanga, dépité.
Mais à Kinshasa, les autorités jurent n’avoir donné aucune instruction pour interdire les déplacements de Moïse Katumbi tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays. « À ce jour, il n’existe aucun mandat judiciaire qui restreint sa liberté de mouvement », souligne un membre du cabinet du vice-Premier ministre en charge de l’Intérieur.
Pas d’autorisation d’atterrir
Le 28 avril pourtant, Swift Flite, opérateur aérien basé à l’aéroport international sud-africain de Lanseria, au nord-ouest de Johannesburg, qui gère le jet privé de l’ancien gouverneur, a adressé aux autorités aériennes congolaises une demande d’autorisation de survol et d’atterrissage sur le territoire de la RD Congo. La requête est restée lettre morte.
Jeune Afrique a pu se procurer et consulter une copie du plan de vol envoyé à Kinshasa, lequel prévoyait l’itinéraire Johannesburg-Lubumbashi (pour embarquer Katumbi) -Kinshasa-Lubumbashi-Johannesburg.
Au ministère de l’Intérieur, on affirme ne pas être au courant de la demande. « Qu’à cela ne tienne, M. Katumbi peut toujours acheter ses billets auprès d’une compagnie aérienne nationale pour venir à Kinshasa », explique un conseiller du ministre.
L’ancien gouverneur a choisi de ne pas suivre cette suggestion pour « éviter que les représailles du régime ne s’abattent sur les responsables des compagnies locales ou nationales d’aviation », affirme son entourage.
Moïse Katumbi bientôt mis aux arrêts ?
Considéré comme le principal rival du camp Kabila, l’opposant se retrouve depuis quelques mois dans le collimateur des services de sécurité. Quatre de ses proches – un Américain et trois Congolais – arrêtés le 24 avril à Lubumbashi, puis transférés à Kinshasa le lendemain, sont toujours détenus au secret. Soupçonnés d’être des « mercenaires », ils n’ont toujours pas reçu la visite de leurs avocats ou de leur famille.
Derrière cette affaire, c’est Moïse Katumbi qui est visé
« Derrière cette affaire, c’est Moïse Katumbi qui est visé », croit savoir un membre de la société civile locale. Des médias congolais proches du pouvoir prédisent d’ailleurs l’éventuelle arrestation de cet ancien proche de Joseph Kabila, récemment passé à l’opposition, qu’ils présentent désormais comme le nouveau chef d’une milice armée en gestation dans le sud du pays.
Des « montages du pouvoir » que dénonce l’intéressé dans un communiqué publié lundi sur les réseaux sociaux. « Porter les armes aujourd’hui, ne fut-ce que contre un seul Congolais, serait à mes yeux un crime majeur et hautement condamnable », affirme-t-il, invitant les autorités congolaises et les représentants de la communauté internationale à se rendre à Lubumbashi et ailleurs dans le pays pour vérifier ces « informations mensongères et diffamatoires portées contre [sa] personne ».
D’après nos informations, une délégationCONDUITE par le procureur général Flory Kabange Numbi, avec des membres de l’Agence nationale de renseignement (ANR), séjourne depuis lundi 2 mai à Lubumbashi pour tenter de rassembler des preuves à charge contre les quatre proches de l’ex-gouverneur, détenus à Kinshasa. Enquêteront-ils également sur les rumeurs de création d’une prétendue milice pro-Katumbi ?
Jeune Afrique