A Sangarédji dans la Région de Boké, les employés dans les industries minières crient à l’esclavage moderne. Et ce, suite à une manifestation organisée par l’Association pour la Promotion de l’Emploi Jeunes à Sangarédji, le président de ladite association, Moustapha Barry se déchaine contre les conditions de vies dans lesquelles les jeunes y travaillent. Pour lui, c’est de l’esclavage pur et simple qu’ils y traversent. Car à l’en croire, ils n’ont aucun droit et ils travaillent sans contrat.
Joint au téléphone, le président de l’Association pour la Promotion de l’Emploi Jeunes à Sangarédji, Moustapha Barry rappelle d’abord ce que la constitution prévoit et ce que le code minier dit entre l’employé et l’employeur dans ces entreprises minières. Malheureusement, à l’en croire les travailleurs sont exploités et maltraités avec un salaire modique.
« C’est écrit dans la constitution et dans le code minier que les entreprises minières guinéennes ne doivent faire l’objet de toute forme d’exploitation de l’homme par l’homme…. Mais les gens maltraités, ils n’ont aucun droit avec leurs salaires on les vole tout leur droit. Avec 700.000fg, ils peuvent les devoir deux à trois mois on ne les paye pas. Donc, ils sont obligés de se lancer dans le vol au sein de l’entreprise, et une fois on les prend, on les licencie sans préavis, sans règlement aucun,» a dénoncé Moustapha Barry très remonté au téléphone.
Poursuivant sa diatribe, il crie au retour de l’esclavage dans notre pays, notamment à Sangarédji. Pour lui, ils peuvent rester jusqu’à quatre mois sans percevoir un salaire d’un mois.
« Comment on peut devoir à un travailleur un mois, deux mois, trois mois on ne te paye pas et on te donne le salaire d’un mois ? Et c’est avec ce salaire-là que tu vas nourrir ta famille et avec un salaire de misère qui ne permet pas de soutenir tes propres besoins, à plus forte raison ta famille. Vous voyez ? C’est très grave, c’est très dangereux. Nous sommes dans un pays où l’esclavage a repris encore. Ici c’est l’esclavage pur, ce qui se passe dans les entreprises aujourd’hui en Guinée en tout cas du côté de Sangarédi là où nous sommes,» s’est-il apitoyé sur le sort des travailleurs dans les entreprises minières à Sangarédji.
Dans cette localité, raconte-t-il, les gens travaillent sans contrat, pour lui, l’Afrique autrefois colonisée par l’Occident est colonisée actuellement par la Chine, ici, on paye les travailleurs sans bulletins.
« A Djandjan là-bas avec COPAL, les gens travaillent sans contrat, vous pouvez voir quelqu’un qui a travaillé trois, quatre ans voire cinq ans sans qu’il ait un contrat avec son employeur. Les prestataires de service n’ont aucun respect pour les travailleurs, aucun respect du payement de salaire. On paye les gens sans bulletin de paye. Quand on prend du côté de Balandougou c’est pire. A un moment donné à l’époque, l’Afrique a été colonisée par les puissances occidentales, aujourd’hui, ce sont les puissances orientales qui colonisent l’Afrique. Par exemple la Chine, elle colonise parfaitement l’Afrique,» s’offusque Moustapha Barry.
Pour terminer, il enfonce le clou, car à l’en croire, dans la localité de Balandougou c’est le pire qui prédomine.
« Ici, les gens travaillent de 6h à 18h pour un salaire journalier de 15.000fg. Et pire, aucun retard si petit qu’il soit n’est toléré. Conséquence, licenciement pur et simple. Ce qui se passe là-bas (Balandougou) je vous dis, on dit aux gens de venir à 6h du matin, il faut être là et tu peux parcourir une distance de dix à 12 kilomètres, imaginez hein! A 6h il se présente, on le prend, on l’envoie au chantier dans le travail, il reste là-bas jusqu’à 18h. A 18h il bouge pour aller à la base, il est 20h, il doit parcourir une distance de 12 kilomètres encore pour rentrer chez lui. Et le lendemain à 6h, il doit se présenter, donc, presqu’il n’a pas de repos, il ne dort pas. Et tout ça, pour un salaire journalier de 15.000fg, vous imaginez ça ! Et le jour où tu viens en retard, même si c’est à 6h 02minutes tu es rayé, tu es licencié directement,» nous a confiés, Moustapha Barry, président de l’Association pour la Promotion de l’Emploi Jeunes à Sangarédji.
Et selon nos dernières informations, après cette manifestation des travailleurs à Sangarédji, une réunion est prévue, le 5 janvier prochain entre travailleurs et responsables.
Diongassy Bah pour Journal de Guinée