Le nombre de citoyens qui ont fait une réclamation à la Ville de Montréal après avoir chuté sur un trottoir glacé a triplé l’hiver dernier.
Au total, ce sont 205 citoyens qui réclament de l’argent à la Ville après s’être blessés en glissant sur un trottoir glacé ou mal déneigé durant l’hiver 2014-2015, selon des chiffres obtenus par Le Journal. C’est trois fois plus que durant la saison précédente, alors qu’à peine 63 personnes avaient fait une demande semblable.
«Les conditions météorologiques de l’hiver dernier ont fait en sorte que les réclamations ont été plus nombreuses», justifie Jacques-Alain Lavallée, chargé de communication à la Ville.
Le mois de janvier a été particulièrement fracassant en terme de réclamations, avec 123 dossiers. C’est une centaine de citoyens blessés de plus qu’en janvier 2014, alors que Montréal n’avait reçu que 25 demandes.
La Ville de Montréal ne précise pas si l’explosion du nombre de réclamations est due à l’état lamentable de ses trottoirs ou si plus de citoyens savent maintenant qu’ils peuvent être dédommagés par la Ville en cas de chute.
Reste que sur le lot, peu de citoyens risquent de toucher une compensation financière, souligne une avocate spécialisée dans les préjudices corporels.
Négligence
«La Ville n’est pas l’assureur des citoyens, alors il faut vraiment faire la preuve qu’elle a été négligente, explique Me Olivera Pajani. En matière de déneigement, la Ville n’a pas une obligation de perfection, mais une obligation de prendre les moyens raisonnables pour prévenir les chutes.»
Ce type de réclamations se transforment rarement en poursuite judiciaire, mais c’est ce qui est arrivé avec la cliente de Me Pajani, Gertrude Forstinger.
La Ville de Montréal vient tout juste d’être condamnée à verser plus de 132 000 $ à cette infirmière pour la dédommager pour sa chute sur un trottoir glacé survenue en janvier 2012.
«Trois témoins ont pu confirmer la présence de glace et l’absence d’abrasifs. C’était évident qu’il y avait eu négligence de la part de la Ville», précise Me Pajani.
Fini le vélo
Si le montant accordé par le tribunal est aussi élevé, c’est à cause de la perte de salaire subie par sa cliente, qui n’a pas pu travailler pendant un an et qui a perdu 16 % de l’usage de sa main et de son poignet droit.
«Je ne pourrai plus jamais faire de vélo parce que je n’arrive plus à tourner mon guidon, se désole Mme Forstinger. J’ai aussi dû renoncer au tennis et au badminton.»
De 2012 à 2014, c’est près d’un demi-million de dollars que la Ville de Montréal a dû verser à des accidentés de la glace à cause du déneigement déficient de ses trottoirs.
Pour espérer être dédommagé à cause d’une chute, il faut:
- Prouver que la Ville a été négligente dans l’épandage d’abrasifs
- Identifier l’endroit précis de la chute
- Décrire les conditions climatiques avant et au moment de l’accident
- Le plaignant portait des espadrilles en plein hiver
- Il courait sur le trottoir glacé
- Il n’avait pas sa canne alors qu’il en utilise une habituellement
JOURNAL DE MONTREAL