Un divorce unique au Québec

15 mai 2015 9 h 42 minCommentaires fermés sur Un divorce unique au QuébecViews: 16

Une Montréalaise en instance de divorce demande une pension alimentaire de 230 000 $ par mois à son riche mari dans une bataille d’une ampleur sans précédent dans les annales juridiques du Québec.

Ce dossier de divorce deviendra le plus important de l’histoire du Québec s’il débute comme prévu en octobre prochain au palais de justice de Montréal. Une entente entre les parties semble peu probable si l’on se fie au ton acrimonieux qui sévit depuis quatre ans.

Entre-temps, une armée d’experts fourbit ses armes en vue de ce procès prévu pour durer entre six et huit semaines. Parmi eux se trouvent une douzaine d’avocats et plusieurs juricomptables.

Les enjeux sont énormes: la femme demande une pension de 228 829 $ par mois, soit plus de 2,7 M$ par an, et le partage équitable du patrimoine familial estimé à plusieurs dizaines de millions de dollars.

Celle-ci dit souhaiter maintenir le mode de vie «majestueux», selon son propre qualificatif, qu’elle entretenait durant la trentaine d’années où le couple a vécu ensemble.

Du jamais-vu

«Je n’ai jamais vu autant d’argent en jeu dans une cause matrimoniale au Québec. C’est certain qu’il s’agit de la plus grosse cause de divorce de l’histoire», commente l’avocate bien connue Anne-France Goldwater.

Me Goldwater sait de quoi elle parle, car elle a brièvement représenté cette femme en 2012. C’est elle aussi qui avait défendu «Lola» dans une autre cause célèbre de séparation impliquant un milliardaire québécois. Dans ce cas toutefois, la femme n’avait rien étant donné qu’elle n’était pas mariée et vivait plutôt en union de fait.

Ce n’est pas le cas de ce divorce qui se dessine: cette fois, la femme est mariée depuis près de 30 ans et elle pourrait au contraire faire sauter la banque.

Rappelons que la loi québécoise interdit de nommer les conjoints impliqués dans des causes matrimoniales.

Anne-france Goldwater, avocate

Anne-france Goldwater, avocate

On peut toutefois mentionner qu’il s’agit ici de deux Montréalais, dont un homme d’affaires accompli qui vaut plusieurs centaines de millions de dollars, selon les données recueillies par Le Journal. Ce dernier n’est pas le même impliqué dans un autre divorce majeur, impliquant aussi une armée d’avocats, qui a été médiatisé récemment.

« C’est un partenariat »

«Le mariage, c’est un partenariat», opine Me Goldwater, en faisant référence au dossier de divorce qui suit son cours.

Après toutes ces années avec lui, la femme mérite simplement sa part de la fortune, selon elle.

«Le couple a commencé avec rien, rappelle-t-elle. Puis, ils ont choisi qu’elle demeure à la maison et s’occupe des enfants pendant qu’il accumulait sa richesse. Elle mérite parfaitement un partage équitable de sa fortune.»

Le couple s’est marié en 1982. Il a fait prospérer son entreprise pendant qu’elle troquait son emploi de coiffeuse pour celui de femme au foyer. Ils ont eu quatre enfants, tous majeurs aujourd’hui, avant de se quitter en 2009.

Les procédures de divorce ont débuté en 2011.


Le train de vie de Madame

Entre 400 000 $ et 600 000 $/an vêtements pour la famille

200 000 $/an vacances

150 000 $/an réceptions

28 000 $/an coiffeur

Argent de poche de 5000 $ par semaine

Cartes Visa avec limite de crédit de 99 000 $ et American Express sans limite de crédit.


Le train de vie de Monsieur

67 000 $/an entraîneur personnel de la famille

Promeneur de chiens 3200 $ par mois | 38 400 $ par an

Un chef privé à la maison les week-ends pendant deux étés: 2500 $ par week-end

  • Plus d’un demi-million de dollars de vêtements.
  • Une dizaine de gouvernantes, femmes de ménage, hommes à tout faire et chauffeurs à temps plein ou partiel.
  • Trois pilotes et une hôtesse de l’air pour l’avion privé.

Pension mensuelle « provisoire » de 45 833 $

En attendant la conclusion du litige, la femme du couple touche une somme mensuelle qui équivaut à ce que gagnent plusieurs Québécoises en une seule année.

Une juge a déteminé en 2012 qu’elle avait droit à une pension alimentaire provisoire de 45 833 $ par mois, soit plus d’un demi-million de dollars par an.

À cela on a aussi ajouté le paiement des dépenses de la résidence principale de 4,3 M$ à Montréal, du «chalet» de 3,5 M$ et d’un condo de plus de 3 M$ aux États-Unis.

C’est sans compter le paiement de sa Bentley américaine, de sa Range Rover à Montréal ainsi que ses déplacements en avion en première classe entre Montréal et son condo américain. Son mari lui offrait à peu près tout ça, mais avec une pension réduite de 25 000 $.

En 2012, la juge avait évoqué la «réticence du mari à fournir les documents nécessaires pour établir sa vraie valeur».

Défense coûteuse

Selon les informations obtenues par Le Journal, toute la pension provisoire de Madame passe dans le paiement des experts juridiques, entre autres pour enquêter sur son époux pour tenter de déterminer sa fortune réelle et ainsi espérer obtenir plus d’argent de lui.

Le mari a offert plusieurs estimations, dont une qui calculait une valeur nette de 52 M$. Il se dit transparent, qualifiant les recherches de sa femme de «chasse aux sorcières».

On sait à tout le moins qu’il détient pour plus de 200 millions de dollars d’actifs au Canada, aux États-Unis et en Chine. Et ça ne compte pas les entreprises qui ont fait sa fortune.

Dans toute cette richesse, il faudra aussi déterminer ce qui fait partie du patrimoine familial. Par exemple, Madame aimerait obtenir la moitié de l’avion de 35 millions de dollars que le mari s’est payé pour souligner ses 50 ans. Mais la preuve reste à faire qu’il s’en sert à des fins personnelles et familiales, et pas juste pour le travail.

Coincée par tant de frais pour étoffer sa cause, la femme aurait, selon nos informations, dû demander l’aide de proches pour maintenir son train de vie majestueux. Car le mari a depuis cessé de payer la juteuse carte de crédit de sa femme, dont il a fait passer la limite de 100 000 $ à 50 000 $ puis à 20 000 $, avant de l’annuler.

Même chose pour la rutilante voiture Bentley dont elle a dû se départir après le refus de son mari de continuer de payer les mensualités.


Extraits du jugement de 2012 qui accordait à l’épouse une pension alimentaire temporaire de 45 833 $ par mois.

«Le cas ici est inhabituel étant donné l’immense fortune du mari et le mode de vie dont la la famille a profité avec des avions privés, des autos de luxe, des vacances à des endroits qui coûtent 7000 $ la nuit, des maisons cossues, des vêtements coûteux, des bijoux, bref tout ce qu’on peut souhaiter.»

«Le but ici n’est pas de juger du mode de vie que les parties ont choisi depuis plus de 30 ans.»

«La Cour a pour tâche de s’assurer que l’épouse continue de profiter du même niveau de vie auquel elle a été habituée. »


Une épouse flambeuse

Dans les requêtes préliminaires qui se multiplient depuis 2011 au palais de justice, le mari ne se gêne pas pour traiter sa femme de flambeuse.

Il a même demandé une évaluation psychiatrique de Madame en janvier 2012 pour ce qu’il considère comme un problème d’achat compulsif.

Il soutient qu’elle peut avoir des rages de magasinage qui lui font acheter pour 20 000 $ de vêtements en un week-end, parfois avec la carte de crédit de sa fille oubliée chez elle. Il n’a pas été possible de savoir si la cour avait accepté ou non sa requête d’évaluation psychiatrique.

«Ces dépenses n’ont rien de nouveau. Il tolère des choses pendant le mariage qu’il trouve soudainement intolérable après la rupture. Je trouve ça triste et déplorable», commente Anne-France Goldwater.

Mari dépensier

Le mari n’a pas non plus fait vœu de pauvreté, a répliqué sa femme dans cette somme impressionnante de requêtes juridiques. Il se payait entre autres un entraîneur sportif personnel à 68 000 $ par an, un promeneur de chiens qui les faisait prendre l’air deux fois par jour pour la coquette somme de 3200 $ par mois, une dizaine d’employés pour l’entretien des maisons ainsi que des pilotes et une hôtesse de l’air à temps plein pour son avion privé.

Selon sa femme, il détient aussi pour plus d’un demi-million de dollars de vêtements, soit 75 complets valant en moyenne 6000 $ chacun.

Sa femme assure aussi qu’ils se rendaient ensemble chez un chirurgien pour des injections au Botox et qu’il a payé plusieurs milliers de dollars pour des sessions d’épilation.

«C’est commode pour lui maintenant de se plaindre de mes dépenses et de prétendre qu’il est un homme conservateur et économe», écrivait sa femme, dans une des requêtes déposées en cour.

Journal de Montréal

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