Des étudiants du centre universitaire de Kindia tirent vraiment le diable par la queue. Les périodes comprises entre les moments d’évaluation et la fin d’année universitaire sont mises à profit par les étudiants qui investissent les rues de Foulaya pour mendier leur pain.
Le grand rond-point de Foulaya a même été surnommé « le carrefour des Lamentations ». Les étudiants, par groupes, ralentissent, en se mettant en pleine chaussée, les voitures pour crier aux chauffeurs et passagers : »les étudiants ont faim », « ayez pitié de nous », etc.
Selon des témoignages d’une étudiante récemment diffusés sur les ondes d’une radio privée de Guinée, « Certaines jeunes filles qui font l’université à Kindia et qui n’ont pas de parents dans la ville, sont obligées de sortir avec des Boss qui viennent en séjour à Kindia juste pour ça ».
Interrogées, beaucoup d’autres jeunes filles se sont montrées particulièrement agressives. Une seule d’entre elles a accepté de confier, sous couvert d’anonymat, « qu’il ne s’agit pas d’une prostitution, mais d’un échange de service: ici, les filles ont besoin de manger et de survivre. Et je ne crois pas qu’elles aient beaucoup d’autres choix. Si l’Etat ne prend pas de dispositions pour mettre les Etudiants de Foulaya dans des conditions acceptables, un jour viendra où plus aucun jeune n’acceptera de venir faire l’université à l’intérieur du pays. Pourtant, tout le monde sait que Kindia est à 3heure 30 minutes de route de Conakry. Je n’ose pas imaginer ce que les autres étudiants des villes plus réculées sont en train de vivre comme calvaire ».
La situation des étudiants guinéens, en général, est un grand désastre. Non seulement ils étudient dans des conditions absolument dramatiques, mais, pire, ils ne sont même pas sûrs d’être embauchés après leurs études.
Ibrahima Diallo pour Journal Guinée