Violation de la loi en Guinée : les raisons selon Dr Mamadou Bano Barry…
La violation de la loi devient de plus en plus une loi commune en République de Guinée. Non seulement de la part des citoyens lambda, mais aussi de la part de ceux qui sont censés davantage appliquer et faire appliquer ces lois, c’est-à-dire les gouvernants. Selon Dr Mamadou Bano Barry, un sociologue aguerri, trois arguments expliquent cette violation répétitive des lois de la République.
Pour Dr Bano, l’ignorance est le premier argument qui explique avec éloquence la violation des lois dans ce pays. Selon lui, du fait que les lois sont rédigées en français, une langue étrangère, la population en majorité n’a pas accès à son contenu.
«Quand vous parlez avec les guinéens et vous leur posez la question de savoir pourquoi les lois sont violées en Guinée. Trois arguments apparaissent souvent dans le discours, premier argument, c’est l’ignorance. On va me dire immédiatement, nul n’est censé ignorer la loi, en théorie, c’est vrai mais en réalité dans la pratique ce n’est pas évident. Personne ne connait toutes les lois. La raison, d’abord les lois sont rédigées en français elles sont dans le journal officiel, combien de guinéens lisent le journal officiel ? Combien ont accès au journal officiel ? Il y a du personnel formé pour apprécier et appliquer ces lois face aux lois, d’autres personnes sont aussi formées que l’on désigne par le nom d’avocats qui aident devant les instances qui sanctionnent la violation des lois. Si on a mis tous ces dispositifs, c’est que les lois sont compliquées….. »
Parlant du deuxième argument, il fait allusion à l’enracinement de la population par rapport aux coutumes qui l’empêche de respecter la loi. Car, des fois, la constitution ne rime pas avec certains principes des normes sociales et religieuses qui poussent même des gouvernants à la réticence. « Le deuxième argument qui est souvent avancé, en réalité, une loi est une norme, elle est en concurrence avec d’autres normes sociales et religieuses. Il arrive souvent que les lois ne correspondent pas aux valeurs de la société. C’est vrai que toutes les lois dans un pays ne doivent pas être conformes aux coutumes. Sinon, se serait difficile de faire fonctionner les choses . Et les populations refusent souvent la légitimé des lois qui sont adoptées. Ça aussi c’est une réalité qu’il faut prendre en considération. Lorsqu’une loi veut changer un état de fait, cette loi rencontrera de la résistance, même si elle prévoit des sanctions. Même ceux qui doivent appliquer ces sanctions sont souvent réticents, parce qu’eux-mêmes ne croient pas au contenu de cette loi. »
Pour finir, le sociologue fait allusion au trafic d’influences dont le bas peuple est victime au quotidien. Du coup, les gouvernants s’exemptent de l’application de la loi de la République.
« Troisième élément, c’est que, la faible application de nos lois découle de nos élites d’abord. Celles qui les ont rédigées, qui sont censées les mettre en œuvre s’exemptent délibérément desdites lois. Comment voulez-vous dans un pays, les petits peuples se soumettent à des lois que les grands s’exonèrent. Une 4×4 a plus de droit qu’une petite voiture. Une voiture neuve a plus de droit qu’une vieille voiture. Une VA a plus de droit qu’une RC……» Dénonce Dr Mamadou Bano Barry, sociologue et universitaire.
Diongassy Bah pour Journal de Guinée