Les autorités ivoiriennes ont annoncé ce 23 avril 2015 la construction d’une cité olympique au nord d’Abidjan qui disposera d’un stade de 60 000 places. Alain Lobognon, le ministre de la Promotion de la jeunesse, des sports et des loisirs, présente ce projet financé et mené à bien par la Chine.
RFI, Alain Lobognon, quand et comment est né ce projet ?
Alain Lobognon : C’est un vieux projet des années 1970. Au cours de l’année 1974, le président Félix Houphouët-Boigny avait émis le souhait de voir la Côte d’Ivoire se doter d’un tel stade. Ce projet est resté dans les tiroirs. C’est à partir de 2011, avec le président Alassane Ouattara, que le dossier a été dépoussiéré. Et la Chine a donné son feu vert en 2013 pour construire le stade.
L’ensemble du projet va-t-il être mené à bien par la Chine ?
Oui. Nous avons commencé à travailler sur ce projet il y a 18 mois. Nous avons validé chaque étape avec l’équipe chinoise. La dernière étape, c’était la validation du plan architectural. Les Chinois nous ont fait quatre propositions et nous en avons retenu une.
[…] Les travaux devraient durer 24 mois. Les Chinois doivent débuter les travaux en janvier 2016. Début 2018, nous pensons donc que le stade sera achevé. A l’occasion de son inauguration, il sera baptisé.
Y a-t-il une contrepartie ivoirienne à la construction de ce stade par la Chine ?
Il n’y a aucune contrepartie. C’est dans le cadre des relations entre la Chine et la Côte d’Ivoire que les Chinois ont proposé de construire un ensemble d’infrastructures. La Côte d’Ivoire a choisi ce stade olympique. C’est un projet financé à 100% par la Chine. La Côte d’Ivoire a juste purgé les droits du sol, pour le terrain de construction, et elle doit aménager les voies d’accès au terrain.
Pour ce projet, pourquoi avoir choisi le site d’Ebimpé situé à une vingtaine de kilomètres au nord du centre d’Abidjan ?
Le stade est situé à 25 kilomètres en voiture de la place de la République, qui est le cœur d’Abidjan. Ce site était réservé depuis les années 1970.
Le stade est non loin de Youpougon, d’Abobo et d’Anyama, qui sont des communes très peuplées.
On ne va pas construire un stade pour qu’il soit vide. On a un ancien stade dépassé, le Stade Félix Houphouët-Boigny. Au cours d’un match de championnat de football, on arrive à y mobiliser à peine 500 spectateurs.
Il y a de nouvelles donnes à prendre en compte : les transports qui sont chers à Abidjan, le spectacle qui laisse à désirer…
[…] C’est un projet d’ensemble qui est en cours. Nous avons une vision globale pour relancer le football en Côte d’Ivoire, et l’ensemble des disciplines sportives. […]
Quelles manifestations sportives la Côte d’Ivoire envisage-t-elle d’accueillir avec cette cité sportive ? Les Jeux africains, par exemple ?
Nous avons déjà les Jeux de la francophonie en 2017 et la Coupe d’Afrique des nations de football en 2021. Des compétitions de jeunes pourraient être organisées, notamment les Jeux scolaires et universitaires.
Mais, pour l’heure, priorité doit être accordée à la construction d’infrastructures sportives. En dehors de ce stade olympique, il y a les stades de Korhogo, de San Pedro qui vont être construits et celui de Bouaké qui va être réhabilité. Il y a aussi des infrastructures de proximité qui seront construites au sein d’établissements scolaires.
A-t-il été question que cette cité sportive soit achevée à temps pour les Jeux de la francophonie 2017 qui auront lieu à Abidjan ?
Non. […] Pour ces Jeux de la francophonie, nous avons des infrastructures de proximité dans les quartiers de Cocody, du Plateau et de Marcory. […]
Avec 60 000 places, ce stade sera l’une des plus grandes enceintes d’Afrique de l’Ouest. Etait-ce vraiment la bonne capacité, selon vous ?
Nous avons choisi cette option de 60 000 places pour tenir compte de facteurs sécuritaires. Au départ, le gouvernement voulait un stade de 100 000 places. Mais, après plusieurs discussions, nous avons compris qu’il fallait se contenter de 60 000 places pour évacuer le stade en cas de danger et pour avoir la capacité de l’entretenir.
Le Stade Félix Houphouët-Boigny, dans le centre d’Abidjan, a connu quelques drames, dont la bousculade de 2009 qui avait coûté la vie à 19 personnes. Les autorités ivoiriennes seront-elles particulièrement attentives à l’aspect sécuritaire ?
La Côte d’Ivoire s’est dotée d’une loi sur le sport, 54 ans après son indépendance. Cette loi fait de la question de la sécurité dans les stades, une priorité. Bientôt nous rendrons un décret permettant de canaliser les personnes qui se rendent dans des enceintes sportives. […]
Partout dans le monde, des infrastructures sportives sont sous-utilisées. Comment faire pour que le Stade d’Empibé ne soit pas un « éléphant blanc » au pays des Eléphants (surnom de l’équipe de Côte d’Ivoire de football, Ndlr) ?
Ce stade sera inséré dans un nouveau projet : la cité olympique d’Abidjan. Le stade sera donc utilisé. Nous avons parlé de compétitions internationales. Mais sur le plan local, nous devons également faire en sorte qu’il ne soit pas vide. […] Il servira au football, au sport dans son ensemble, mais aussi à des activités culturelles. Nous avons prévu tout cela avec la Chine. Nous pensons que les activités annexes, autour du stade, permettront d’éviter qu’il tombe en désuétude, comme c’est le cas partout en Afrique.
RFI